Qui a inventé le minimalisme ?

Soyons honnêtes : on aimerait bien qu’il existe une date, un nom, une plaque commémorative. Ce serait simple, net, rassurant. Sauf que le minimalisme n’est pas une invention sortie d’un laboratoire. C’est un courant qui s’est tissé à plusieurs endroits, à des époques différentes : l’art, l’architecture, puis notre quotidien.
Spoiler : personne n’a “inventé” le minimalisme (tout seul)
Le minimalisme est une constellation d’influences. On y croise des artistes qui ont épuré la forme, des architectes qui ont clarifié l’espace, et, plus récemment, des auteurs qui ont appliqué ces idées à la vie de tous les jours. Autrement dit : pas de gourou fondateur, mais des jalons.
D’abord, un geste artistique : réduire pour mieux voir
Dans l’histoire de l’art, on parle souvent de Minimal Art pour désigner les artistes qui, dans les années 1960, ont éliminé l’ornement et la narration au profit d’objets sobres, industriels, répétitifs. Donald Judd en est une figure clé : son texte Specific Objects (1965) pose les bases d’une esthétique qui privilégie l’expérience directe de la forme, sans symbolique superflue.

Puis, une manière de construire : l’épure comme principe
En architecture, Ludwig Mies van der Rohe a façonné une esthétique de la simplicité : lignes rectilignes, structure apparente, transparence, refus du décoratif gratuit. Son influence a défini une modernité sobre qui irrigue encore nos villes et nos intérieurs. (Sa maxime la plus célèbre résume bien l’esprit, inutile de la répéter ici.)
Enfin, une pratique du quotidien : trier, choisir, respirer
À partir des années 2000, l’idée passe du musée au salon. Sur le web, Leo Babauta documente des habitudes plus légères avec Zen Habits(2007), qui devient rapidement une référence.
Au début des années 2010, Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus popularisent l’expression “The Minimalists” : livres, podcasts, et deux documentaires Netflix (Minimalism, 2016 ; Less Is Now, 2021) qui présentent le sujet au grand public.
En parallèle, la “vague japonaise” déferle : Marie Kondo(ouvrage paru au Japon en 2010 ; version anglaise 2014) introduit un tri fondé sur l’attachement réel aux objets. Fumio Sasaki partage une version plus radicale et intime avec Goodbye, Things (2015).
Pourquoi on cherche un inventeur (alors qu’il n’y en a pas) ?
Parce que c’est plus confortable. Avoir “un” auteur permettrait d’appliquer une méthode universelle. Or, le minimalisme n’est pas une religion : c’est un vocabulaire que chacun décline. Les artistes ont montré qu’on pouvait retirer le bruit visuel ; les architectes, qu’on pouvait créer de la clarté par la structure ; les auteurs, qu’on pouvait appliquer ces principes à nos placards, nos agendas, nos écrans.
Au fond, la vraie question n’est pas “qui a inventé ?”, mais qu’est-ce que vous voulez garder. Et qu’est-ce que vous êtes prêt·e à laisser partir.
- Pas d’inventeur unique, mais des jalons majeurs : Minimal Art (Judd), modernisme architectural (Mies), puis l’appropriation du grand public via blogs et livres (Babauta, The Minimalists, Kondo, Sasaki).
- Le minimalisme n’est pas un dogme : c’est une pratique de choix, dans les formes, les espaces, et la vie de tous les jours.
Plutôt que de chercher “la bonne méthode”, choisissez un endroit (tiroir, dossier d’ordi, tranche d’agenda) et posez-vous : qu’est-ce qui a encore sa place ici ?
Un geste minuscule, une clarté immédiate. Et, parfois, l’envie de continuer.


