C'est quoi une personne frugale ?

La première fois qu’on m’a traité de “frugal”, ce n’était pas franchement un compliment. C’était autour d’un apéro entre amis, un soir de printemps. J’avais refusé un énième gadget à la mode, proposé de cuisiner au lieu de commander, et précisé que je n’achetais plus de vêtements “juste pourvoir”.
On m’a regardé, à moitié amusé, à moitié agacé, avec cette petite phrase qui pique :
“Toi, t’es en train de devenir radin, non ?”
Spoiler : non. Mais ça m’a obligé à me demander qu’est-ce que c’est être frugal ?
Vous pouvez découvrir quelle est la différence entre être radin et frugal sur notre article dédié.
Être frugal, ce n’est pas forcément se priver mais plutôt choisir avec attention
Pour beaucoup la frugalité évoque souvent l’austérité. Une table vide, une vie rigide, des “non” à tout ce qui brille.
Mais en réalité, une personne frugale ne dit pas non à tout. Elle dit oui à ce qui compte, à ce qui dure et à ce qui a du sens. Et surtout, elle apprend à dire non sans culpabilité à ce qui n’en a pas.
Être frugal, c’est une forme d’élégance intérieure, pas une punition.
Une personne frugale ne vit pas forcément avec peu, mais avec juste ce qu’il faut. Et ça, ça varie d’une personne à l’autre.
Par exemple :
- Elle peut acheter un seul manteau, mais de bonne qualité, qu’elle portera cinq hivers.
- Elle peut cuisiner chez elle parce qu’elle aime ça, et pas parce que “sortir coûte cher”.
- Elle peut préférer attendre un mois pour s’offrir un objet qui lui plaît vraiment, plutôt que d’acheter trois versions jetables.
La frugalité ne cherche pas à tout réduire. Elle cherche à mettre l’argent au service de la liberté, pas de la pression sociale.

Frugalité et minimalisme : cousins, mais pas jumeaux
Oui, ces deux approches se croisent. Mais là où le minimalisme s’intéresse à l’espace, au rythme, au mental, la frugalité se penche davantage sur notre rapport à la consommation et à l’argent.
La personne frugale n’essaie pas forcément de vivre dans un espace vide. Elle essaie surtout de vivre dans ses moyens, voire en dessous, pour reprendre la main sur ses choix.
Un exemple :
Je connais quelqu’un qui vit dans un appartement confortable, bien rempli, mais qui n’a plus aucune dette et refuse d’acheter à crédit. Il ne se dit pas “minimaliste”, mais il est frugal dans sa manière de gérer son quotidien : lucide, calme, intentionnel.
Ce n’est pas une tendance, mais plutôt une réponse.
- Réponse à l’angoisse financière permanente.
- Réponse à la fatigue de toujours devoir suivre.
- Réponse à ce sentiment de “dépenser beaucoup, mais de ne pas avoir grand-chose à soi”.
Selon une étude publiée par Statista en 2023, 48 % des Français âgés de 25 à 39 ans disent vouloir “dépenser moins, mais mieux” dans les prochaines années. La frugalité devient une façon d’y parvenir sans frustration.
Être frugal, ce n’est pas une recette figée. Mais voici quelques marqueurs qu’on retrouve souvent chez les personnes qui vivent ainsi :
- Elles savent exactement où part leur argent (même si elles ne gagnent pas beaucoup).
- Elles ne confondent pas promo et bonne affaire.
- Elles n’ont pas honte de dire : “Non merci, je n’en ai pas besoin.”
- Elles prennent plaisir à réutiliser, réparer, troquer, pas par obligation, mais par choix.
- Elles ne courent pas après ce qu’elles ne peuvent pas s’offrir. Elles attendent. Ou elles renoncent. Et c’est OK.
En résumé : être frugal, c’est une forme de liberté discrète
Être frugal, ce n’est pas être radin. Ce n’est pas être triste. C’est refuser de se laisser embarquer dans un mode de vie qu’on ne maîtrise plus. C’est choisir le long terme plutôt que l’instantané. C’est arrêter de courir après le superflu pour trouver de la joie dans l’essentiel.
Et surtout : c’est ne pas avoir besoin d’en faire une étiquette. Les personnes frugales ne se définissent pas forcément comme telles. Elles vivent juste avec cohérence.
Aujourd’hui, observez une dépense. Pas pour la juger. Juste pour vous demander : est-ce que j’en avais vraiment besoin ? Est-ce que ça m’apporte encore quelque chose ?
Pas besoin de tout changer. Mais parfois, une question sincère suffit à déplacer les choses.


